Maison des Métallos, espace culturel de Belleville

Habiter à Belleville, c’est habiter un lieu chargé de lutte, de revendications, d’Histoire. Personne à Paris n’est sans savoir que ce quartier pauvre et populaire de la capitale a toujours été le plus contestataire. Ce n’est pas pour rien que l’ancienne commune de Belleville a été divisée entre quatre arrondissements lors de son intégration à Paris intramuros en 1860. L’un des lieux les plus emblématiques du caractère ouvrier du quartier, la Maison des Metallos, a été reconverti en espace culturel en 2007. J’ai profité d’une soirée organisée par Babyloan (lire mon article sur eKonomia), un organisme de prêt solidaire et l’ADIE, une association qui permet aux plus pauvres d’entreprendre, deux institutions françaises du microcrédit, pour visiter cet emblème du Bas-Belleville.

94 rue Jean-Pierre Timbaud

Maison des Métallurgistes

Maison des Métallurgistes

Maison des Métallurgistes

Mezzanine

Mezzanine

Architecture industrielle du 19ème siècle

Architecture industrielle du 19ème siècle

Café des métallos

Café des métallos

Escalier vers la mezzanine

Escalier vers la mezzanine

Tout d’abord, ce bâtiment vit le jour au XIXème siècle, en l’an 1881. A cette époque, l’actuelle rue Jean-Pierre Timbaud s’appelait encore la rue d’Angoulême, et nous étions en plein essor industriel. La Maison des Metallos était une manufacture d’instruments de musique en cuivre, et donc forcément, un lieu rempli d’ouvriers. Avec la crise des années 1930, Couesnon, fabriquant réputé d’instruments de musique, doit céder ses locaux en 1936. C’est ainsi qu’en 1937, la Maison des Métallurgistes est inaugurée, appartenant désormais à l’Union Fraternelle des Métallurgistes, une section de la CGT.

Après la seconde guerre mondiale et la résistance héroïque des communistes, membres de la CGT, la rue d’Angoulême est rebaptisée rue Jean-Pierre Timbaud, du nom d’un résistant syndicaliste fusillé par les nazis. Il était le secrétaire du syndicat des métallurgistes parisiens. La Maison des Métallos devient un élément vital du syndicalisme et de la résistance. C’est ici qu’on organise l’aide à la résistance espagnole contre le fascisme, la lutte contre la guerre d’Algérie ou du Vietnam… Lieu de rencontre et de convivialité ouvrière, la Maison des Métallurgistes est un lieu où l’on vient faire des meetings ou la fête.

Mais les temps changent, et le syndicalisme français n’est plus ce qu’il était autrefois. Après avoir été un centre industriel, puis un centre syndicaliste, en 1997, la Maison des Métallos doit être vendue, la CGT ne pouvant plus faire face à ses dépenses financières. C’est ici qu’interviennent les associations de l’Est Parisien, qui ne voulaient pas que cette adresse tombe aux mains des privés. L’objectif était simple : garder la Maison des Métallos pour les habitants du quartier. La Mairie de Paris rachète finalement l’endroit, pour en faire en 2007 la Maison des Métallos telle qu’on l’a connaît aujourd’hui : un « établissement culturel populaire ».

La Maison des Métallos est pour moi un témoin essentiel de l’Histoire de Belleville. Son évolution est tout simplement parallèle à sa population. Au début, c’était une usine, avec ses ouvriers, qui habitaient le quartier. Belleville était ouvrière et populaire. La crise puis la seconde guerre mondiale changèrent le paysage urbain parisien, avec le déménagement des industries intramuros en banlieue. Les lieux de production n’y sont plus, mais les ouvriers restent encore : un syndicat, proche des habitants ouvriers fait tout son sens. Mais petit à petit, Belleville s’embourgeoise, ses ouvriers sont expulsés en périphérie, là où il est encore possible d’acheter une maison ou un appartement à des prix raisonnables. La rue Jean-Pierre Timbaud, située dans le 11ème arrondissement, est devenue trop intéressante pour les promoteurs immobiliers, qui vendent désormais à un autre type de personnes : les jeunes cadres dynamiques, les professions libérales et tous ceux qui ont les moyens de vivre à Paris. C’est tout naturellement que l’on remplace un syndicat qui n’a plus lieu d’être auprès de ces nouveaux habitants par un espace culturel : nous sommes dans le Paris intellectuel et bourgeois, bien loin des anciens ouvriers de Belleville. A ce rythme, dans quelques années, la Maison des Métallos sera remplacée par une boutique de luxe…

Quoiqu’il en soit, ce nouvel espace culturel est différent des autres, il présente une spécificité, héritière de son passé : aujourd’hui, l’ambition première de la Maison des Métallos, c’est de mettre en relation des activités qui normalement ne se rencontrent pas. Donc oui, nous avons comme ailleurs des expositions artistiques, mais ici on vous montrera des pros et des amateurs. Alors oui, nous avons des débats et des rencontres philosophiques, mais toujours dans l’objectif de garder un contact avec d’autres acteurs du tissu social parisien. Louable intention. Mais il faudra plus que de bonnes intentions pour arrêter d’être déficitaire : en 2010, la Maison des Métallos était déficitaire. Ce type de contrainte pourra bien un jour venir à bout de ce qui a toujours été un espace populaire, mais qui l’est, il faut l’avouer, de moins en moins : qu’est ce qu’une exposition d’artistes contemporains peut avoir de commun avec le côté populaire de Belleville, c’est-à-dire les immigrés, les travailleurs pauvres et autres seniors retraités anciens ouvriers ? Les associations qui sont à l’origine du sauvetage de cet espace veillent à ce qu’il soit utilisé par ses habitants avec des activités qui peuvent les intéresser, enfin… tant que possible dans une ville où les bourgeois bohème tiennent les ficelles des activités culturelles.

Note positive tout de même, le bar qui se trouve à l’étage, le Café des métallos, est fort sympathique, c’est agréable de venir ici prendre un pot avec les copains les soirs où le bar est ouvert, et d’admirer l’architecture industrielle encore bien visible un peu partout. Pour venir, c’est simple, c’est au 94 rue Jean-Pierre Timbaud, 75011 Paris, métro Couronnes, Parmentier ou Saint Maur.


Un commentaire pour "Maison des Métallos, espace culturel de Belleville"

  1. nouet dit :

    Bonjour,

    je suis Julie, toute jeune bloggeuse à Paris. Pour un cours de web marketing j’ai été obligée oui oui à créer un blog.

    Installée à Paris depuis juillet 2010 seulement, le thème de mon blog était tout trouvé : Les Parisiens et Parisiennes… Pas toujours très sympathique.

    Oui je suis une vrai fausse parisienne, une provinciale en quelques sorte, je souhaiterai simplement faire un échange de lien avec ton blog que je trouve très sympa et dans le thème du mien.

    Je te laisse découvrir mon blog et la rubrique où se situera ton lien.
    http://uneprovincialeaparis.blogspot.com/p/mes-blogs-preferes.html

    Bonne nuit et à bientôt sur la toile peut être.

    Julie N

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