Eglise de la Madeleine : le néoclassique dans toute sa splendeur à Paris
Paris est souvent vantée, admirée et jalousée pour son architecture. En effet, la beauté de ses rues n’est plus à démontrer, enfin, à ce qu’il parait. Je ne suis pas tout à fait d’accord avec ce constat, mais il faut reconnaître que nous avons de très jolis monuments dans la Capitale. Quand on se promène sur la Place de la Concorde, on peut être surpris, quand on ne connait pas, par un édifice au fond d’une grande rue, semblant un peu hors contexte dans cette ville rénovée sous Haussmann, et encore plus quand on connait sa fonction : l’église de la Madeleine. Cette église passa par bien des aléas et péripéties pour être construite, de la commande de plans à l’architecte en 1757 à sa consécration en 1845…
Photos de l’église de la Madeleine
L’église de la Madeleine est un pur chef d’oeuvre d’architecture néoclassique, très en vogue en France au 18e siècle. Elle fut construite en réponse au Palais Bourbon, située à l’opposé, de l’autre coté de la Seine et de la Concorde. Sa construction n-avait pas d’autre but que de l’utilitaire, du moins dans un premier temps : l’ancienne église paroissiale était devenue trop petite pour ce nouveau quartier, nouvellement rattaché à Paris en 1722. Cet ancien faubourg, nommé Ville l’Évêque, était en train de connaître une croissance rapide, qu’il fallait ordonner. La nouvelle église faisait ainsi parti d’un vaste plan de réaménagement de cette partie de la Capitale, intégrée à la Place de la Concorde, Place Louis XV à l’époque. La nouvelle église allait être construite dans l’axe de la place, au bout de la rue Royale, faisant exactement face au Palais Bourbon (construit en 1728), de l’autre coté de l’axe.
Ce n’est d’ailleurs pas par hasard si le Palais Bourbon est une sorte de palais jumeau de l’église de la Madeleine. C’est Napoléon qui décida, en 1806, d’ajouter une façade à douze colonnes au Palais Bourbon, siège de l’Assemblée Nationale, afin de donner à la rive gauche de la Seine la réplique à la Madeleine sur la rive droite. Pourtant, lorsque le nouveau Palais Bourbon fut inauguré en 1810, l’église de la Madeleine était toujours en construction! Les plans originaux de l’église furent commandés à l’architecte Pierre Contant d’Ivry, qui avait déjà à son actif la rénovation du Palais Royal. L’église actuelle n’a pourtant rien à voir avec le projet approuvé et débuté en 1763, avec la première pierre posée par Louis XV. La mort de Pierre Contant d’Ivry, en 1777, changea la donne. C’est son élève, Guillaume-Martin Couture qui prendra la suite des travaux, donnant une autre orientation à celle voulue par Ivry. Il mourut pauvre en 1799, sans avoir pu achever son oeuvre : il avait même renoncé à toucher ses honoraires pour faire avancer les travaux, pour peu qu’on donne une rue à son nom, ce qui n’a jamais été fait…
Histoire de l’église de la Madeleine : Pierre-Alexandre Vignon et Napoléon
Lorsque la Révolution éclata, la Madeleine était bien avancée, les chapiteaux étant posés sur les colonnes. Ces périodes troubles de l’Histoire interrompirent les travaux, qui ne reprendraient qu’en 1806, sous l’impulsion de Napoléon Ier. L’Empereur, un brin mégalomane, voulait un temple à la Gloire des Armées Françaises, le plus magnifique possible. Il choisira lui même l’architecte, contre l’avis même de l’Académie Impériale, qui avait choisi un autre architecte par concours. L’heureux favori de Napoléon est Pierre-Alexandre Vignon. L’église que nous voyons aujourd’hui est son oeuvre principale. On fit tout simplement table rase de ce qui avait été construit auparavant sur des dizaines d’années, pour construire ce temple d’inspiration gréco-romaine, ne gardant que les colonnes. Je me demande souvent ce que pense un grec, habitué aux viens monuments d’Athènes et son Parthénon, pense de cette construction « moderne »… Pour ma part, étant un amoureux de la culture Antique, j’aime beaucoup, comme un hommage rendu aux grecs.
En 1807, les travaux débutent enfin, après tant d’années d’interruption. Tout se passe bien, la construction avance vite. Mais malheureusement, en 1811, dans une France en guerre contre le reste de l’Europe, les travaux s’arrêtent à nouveau, faute de financements. Les défaites militaires de Napoléon et le désastre en Russie font changer d’avis à l’Empereur : le magnifique temple dédié à la gloire de l’Armée redeviendra une simple église. Les travaux avançaient très lentement. A la mort de Vignon, en 1828, son collaborateur Jean-Jacques-Marie Huvé prendra le relais, jusqu’à la fin, en 1842. L’église sera enfin consacrée en 1845.
Le fronton monumental est l’oeuvre du sculpteur Philippe Joseph Henri Lemaire, représentant le jugement dernier, qui l’achèvera en 1833. La prochaine fois que vous passerez par la Madeleine, prenez deux minutes de votre temps, juste pour regarder cette sculpture : il serait dommage de passer à coté! Marie-Madeleine, pour info, est à droite du Christ, agenouillée. De nombreuses autres statues viennent magnifier la beauté du lieu : je conseille bien sûr d’aller regarder les belles statues de l’Autel, oeuvre de Carlo Marocchetti, mais surtout de remarquer la fresque derrière. Si vous cherchez bien, vous y trouverez Napoléon lui même.
L’église des beaux quartiers de Paris
L’église, située aujourd’hui dans un des quartiers les plus remarquables de Paris, est un des monuments les plus visibles de la ville. Entre les 8eme et 9eme arrondissements, au bout de la rue Royale, du Boulevard des Italiens et du Boulevard Malesherbes, impossible de la manquer. Ce quartier, souvenez-vous, était au 18ème siècle un ancien faubourg, une « banlieue » de Paris. Aujourd’hui, tout le monde connait les boutiques de luxe gastronomique Hediard et Fauchon, Place de la Madeleine, la grande place où se trouve l’église. Nous sommes bien loin des origines modestes du quartier, bien loin de l’idée originelle de Napoléon d’en faire un lieu dédié à l’Armée.
L’une des choses que je préfère dans cette église, au delà de son inspiration Classique, c’est la perspective que l’on peut avoir, au bout de l’axe traversant la Place de la Concorde et aboutissant au Palais Bourbon, visible tout au fond, derrière l’obélisque de la Concorde. En haut des 28 marches, on sent la majesté de ce temple périptère aux 52 colonnes corinthiennes : haut de 30m, long de 108 m et large de 43 m, les proportions du temple napoléonien sont imposantes.
A l’intérieur, l’inspiration antique continue, fidèle à l’extérieur, il y a un je ne sais quoi du Panthéon de Rome, vous ne trouvez-pas? L’orgue, imposant, contribue à la réputation de salle de concert d’excellence de la Madeleine. En effet, c’est un Cavaillé-Coll, dont Camille Saint-Saëns lui même fut organiste titulaire de 1857 à 1877! Aujourd’hui, les concerts de l’église de la Madeleine sont toujours réputés, ont vient d’un peu partout pour y assister.
Aujourd’hui, l’église est la Paroisse de l’Elysée et du Faubourg Saint-Honoré, même si je n’ai pas eu l’impression que nos présidents soient tous très catholiques. Qu’à cela ne tienne, les fidèles viennent toujours, en pause entre deux rendez-vous d’affaires, ou descendus de leur vieil appartement parisien. Ce n’est au final, qu’une « simple » église paroissiale de quartier!
Je conseille vivement, pour ceux qui veulent aller plus loin, de consulter le site de l’église, très complet sur son histoire. On a pas trop l’impression de voir le site d’une église catholique d’ailleurs, si vous être très religieux, je ne suis pas sûr que ce soit dans cet endroit hyper touristique, dans un quartier archi luxueux que vous trouverez votre bonheur. En revanche, si vous êtes mélomane et amateur de beaux orgues, je vous conseille vivement de consulter le programme musical.
J’adore votre site! Vos articles sont vraiments interessants! Je demenage bientot a Paris et vos articles m’aident beaucoup, merci. J’attends les articles suivants avec impatiance.
Notre patrimoine est vraiment magnifique, et jours aprés jours, il disparaît et cela est vraiment d’une tristesse, alors qu’il est si riche en savoir faire, et notre culture est aussi importante.
Même si je trouve l’édifice splendide, je n’aime pas la forme « Rectangulaire » de l’Église qui donne trop d’espace, et qui paraît interminable. Je préfère les église en croix, même si La Madeleine est une œuvre architecturale.