Au bout du Champ de Mars, l’Ecole Militaire

Il y a beaucoup de militaires à Paris. On ne les voit pas forcément, ils restent cantonnés la plupart du temps dans leurs quartiers. Pas très loin du plus célèbre monument de France, la Tour Eiffel, on trouve de jolis bâtiments, au bout d’un grand parc. Dit comme ça, même un parisien ne sait pas de quoi je parle, mais c’est à peu de choses la description que ferait un touriste connaissant mal la capitale du Champ de Mars et de l’Ecole Militaire. L’Ecole Militaire ne se visite pas en temps normal, mais, à l’occasion des journées du Patrimoine qui ont lieu une fois par an en septembre, nous y sommes allés faire un tour, à la rencontre des militaires parisiens.

L'Ecole Militaire, au bout du Champ de Mars

L’Ecole Militaire, au bout du Champ de Mars

La Tour Eiffel est très présente

La Tour Eiffel est très présente

Plafond de la Chapelle Saint-Louis

Plafond de la Chapelle Saint-Louis

Chapelle Saint-Louis de l'Ecole Militaire

Chapelle Saint-Louis de l’Ecole Militaire

Couloir de la bibliothèque

Couloir de la bibliothèque

Jeu de miroirs

Jeu de miroirs

énormément de livres dans les étagères

énormément de livres dans les étagères

Impact de balle datant de la commune

Impact de balle datant de la commune

Bureau du Premier Consul Napoléon

Bureau du Premier Consul Napoléon

Cantine moderne

Cantine moderne

Plafond décoré d'une des salles de réception

Plafond décoré d’une des salles de réception

Rotonde Gabriel

Rotonde Gabriel

Une des cours intérieures

Une des cours intérieures

Salle Versailles

Salle Versailles

Des canons décorent les murs de la Cour Roederer

Des canons décorent les murs de la Cour Roederer

Orgue de la Chapelle Saint-Louis

Orgue de la Chapelle Saint-Louis

De très beaux tableaux décorent la chapelle

De très beaux tableaux décorent la chapelle

Fronton du bâtiment principal

Fronton du bâtiment principal

Cour d'honneur de l'Ecole Militaire

Cour d’honneur de l’Ecole Militaire

Entrée de la chapelle

Entrée de la chapelle

Le Salon des Maréchaux est un lien de travail

Le Salon des Maréchaux est un lien de travail

On a une des plus belles vues de Paris

On a une des plus belles vues de Paris

Statues de l'Escalier d'Honneur

Statues de l’Escalier d’Honneur

Escalier d'Honneur

Escalier d’Honneur

Le Prince de Condé

Le Prince de Condé

Superbe décoration du plafond

Superbe décoration du plafond

Style néo-classique

Style néo-classique

Graffiti de Napoléon Bonaparte

Graffiti de Napoléon Bonaparte

Grenadiers défilant devant la grille séparant la Cour Morland de la Cour d'Honneur

Grenadiers défilant devant la grille séparant la Cour Morland de la Cour d’Honneur

De nombreuses statues décorent l'Ecole

De nombreuses statues décorent l’Ecole

Colonnade d'ordre dorique dans la Cour d'Honneur

Colonnade d’ordre dorique dans la Cour d’Honneur

Ecole Militaire

Ecole Militaire

Au fond de la Cour, l'UNESCO

Au fond de la Cour, l’UNESCO

L'école militaire est réputée pour sa cavalerie

L’école militaire est réputée pour sa cavalerie

Beaucoup de monde pour les journées du Patrimoine

Beaucoup de monde pour les journées du Patrimoine

Armes et drapeaux napoléoniens

Armes et drapeaux napoléoniens

Tambours et grenadiers

Tambours et grenadiers

Un grenadier fait une démonstration

Un grenadier fait une démonstration

Bâtiments intérieurs de l'Ecole

Bâtiments intérieurs de l’Ecole

Manège Commandant Louis Bossut

Manège Commandant Louis Bossut

Grenadiers à l'entrée de l'Ecole Militaire

Grenadiers à l’entrée de l’Ecole Militaire

Statue Equestre du Maréchal Joffre

Statue Equestre du Maréchal Joffre

Façade extérieure de l'Ecole Militaire

Façade extérieure de l’Ecole Militaire

Avenue de la Motte-Picquet

Avenue de la Motte-Picquet

Entrée pour la Cavalerie

Entrée pour la Cavalerie

Nous sommes ici dans un haut lieu de prestige, chargé d’Histoire. Napoléon Bonaparte lui-même a été ici élève ! On comprend pourquoi, lorsqu’on arrive, un groupe d’enthousiastes de l’Histoire est venu spécialement pour les journées du Patrimoine, accueillir les visiteurs, habillés en grenadiers, les soldats de Napoléon.  On les retrouvera à l’intérieur de l’Ecole, dans une des Cours intérieures, où ils ont installés leurs tentes de l’armée du Premier Empire, et en y montrant différents objets de l’époque. C’est une très bonne idée de leur part, on apprend un peu plus sur les militaires de l’époque et la Garde Impériale de Napoléon, ce qui complète de façon agréable et culturelle notre visite.

L’Ecole Militaire est née de la volonté du Maréchal de Saxe de mieux préparer les régiments royaux à l’Art de la Guerre. Malgré ses nombreuses victoires lors de la Guerre de Succession d’Autriche, l’armée française avait un gros problème d’indiscipline. Ceci fut particulièrement vérifié par Maurice de Saxe lors de la Bataille de Fontenoy, qu’il remporta pourtant. Au vu de l’importance du Maréchal pour la France et de ses grandes victoires, on comprend mieux pourquoi l’avenue derrière l’Ecole se nomme « Avenue de Saxe », et la place, « Place de Fontenoy ». Ce quartier est un hommage à ce grand militaire d’origine allemande, qui servi si bien le Roi de France Louis XV. Pourtant, pour qui visite l’Ecole, il est étonnant de ne pas voir de représentations du Maréchal de Saxe : en effet, étant protestant, il ne pouvait être enterré sur sol parisien (il a son mausolée à Strasbourg), et on préféra systématiquement représenter d’autres grands maréchaux, mais catholiques.

Le financier Joseph Paris Duverney, proche du roi, reprendra à son compte l’idée du Maréchal de Saxe, et essayera de la soumettre au roi, qui refuse. C’est en persuadant la Marquise de Pompadour, qui intercédera en faveur du projet auprès de son royal amant, que le projet pourra débuter.

Le projet initial était grandiose, mais, pour des raisons de finances (l’argent venait à manquer, comme toujours après une guerre…), il fut revu à la baisse. Louis XV, au début, voulait un monument qui marque son règne, comme Louis XIV pour les Invalides, non loin de là. Louis XV charge alors son architecte, Ange-Jacques Gabriel, de construire une Ecole Militaire, qui puisse accueillir 500 élèves. Les travaux démarrent en 1751, malheureusement trop tard pour le Maréchal de Saxe, mort en 1750. Ils ne se finiront qu’en 1780. Le manque d’argent ne permettait pas d’aller plus vite, mais l’école fut tout de même ouverte dès 1756 aux premiers 200 cadets. Les premiers cours auront lieu dans les bâtiments de service, en attendant la fin des travaux.

Napoléon passa par l’école, du mois d’octobre 1784 au mois d’octobre 1785. Il semble qu’il n’ait pas été un élève particulièrement doué, il n’avait été reçu que 42ème sur 58 candidats au concours d’officier d’artillerie en 1785. De plus, sur l’une des colonnes de la Cour d’Honneur, il y a fait un graffiti, gravé dans la pierre, encore visible aujourd’hui (que j’ai bien sûr photographié…). Ce ne l’a bien sûr pas empêché d’avoir la carrière qu’on lui connaît. Il reviendra à l’Ecole Militaire, cette fois en tant que Premier Consul. On peut voir son bureau dans le superbe Salon des Maréchaux, situé dans le bâtiment principal, nommé « Le Château ».

Fermeture de l’Ecole Militaire

L’école connu des hauts et des bas. En 1787, l’école sera fermée par Choiseul, faute de budget. C’est un édifice à l’abandon que les révolutionnaires pillèrent. Il servira par la suite de caserne à la Garde Impériale. Ce n’est qu’en 1878 que finalement, elle redevient une école, avec l’installation dans ses murs de l’Ecole Supérieure de Guerre. L’Ecole sera au cours des années progressivement agrandie, au fur et à mesure des besoins.

Le « Château »

C’est le principal édifice de l’école. Celui qui se remarque de loin, vu du Trocadéro ou de la Tour Eiffel, et qui ferme l’une des plus belles perspectives de Paris, la perspective du Champ de Mars. Il ne sera achevé qu’en 1773, juste un an avant la mort de Louis XV. C’est ici que l’on trouve les principaux points d’intérêt monumentaux de l’Ecole Militaire, entre le Salon des Maréchaux, l’Escalier d’Honneur, la Salle des Gardes, la Chapelle Saint-Louis ou la Bibliothèque.

Le Château s’inspire beaucoup de l’architecture du Louvre, facilement reconnaissable avec son dôme quadrangulaire. L’Horloge que l’on peut y admirer, doté de quatre cardans, mais d’un seul mécanisme, est l’œuvre des Horlogers du Roi, la famille Lepaute, toujours en activité aujourd’hui, effectuant toujours le service après vente de l’Horloge ! Il parait que la jeune femme aux seins nus qui encadre l’Horloge serait la Marquise de Pompadour. Pour ma part, j’adorerais avoir une montre Lepaute au poignet, mais je crois que c’est un peu hors de ma portée…

En face du Château, la Cour d’Honneur. C’est ici qu’en 1895, le Capitaine Dreyfus, accusé de trahison, sera dégradé. C’est également ici qu’il sera réhabilité, en 1906. Il y aurait du y avoir en son centre une belle statue équestre de Louis XV, mais, faute de budget, on ne fera qu’un Louis XV en pied. Avec la Révolution, la statue fut détruite, malheureusement. Aujourd’hui, les férus d’Histoire napoléonienne viennent défiler ici, habillés en soldats de Napoléon. Je ne me suis encore une fois pas privé pour les prendre en photo !

Le Salon des Maréchaux

C’est l’un des points principaux mis en valeur par les journées du Patrimoine. Et on comprend pourquoi, lorsqu’on y entre ! C’est un salon gigantesque, mais aux proportions harmonieuses. 130m² pour 8,30m de hauteur, le Salon, malgré sa taille, semble intimiste. C’est ici que l’on trouvera le bureau du Premier Consul Bonaparte. Détail de l’Histoire, l’un des grands miroirs du Salon garde encore un impact de balle : pendant la commune, un coup de feu fut tiré pour reprendre l’Ecole aux communards, et l’inévitable arriva.

Les tableaux de Jean Baptiste Le Paon que l’on peut y voir sont très beaux, représentant des batailles. Leur particularité : ils furent peints « in situ », une première pour l’époque. Le Salon souffrit beaucoup avec la Révolution Française. Le portrait de Louis XV fut détruit. Au dessus des portes, on mit des médaillons peints par Casanova, en remplacement des œuvres détruites par les révolutionnaires.

Le Salon des Maréchaux doit son nom à la réception qu’y fit le Maréchal Bessières en 1806, qui y reçut tous les maréchaux de l’Empire, pour un grand bal. Le dernier maréchal à avoir occupé ce bureau de luxe fut le maréchal Joffre. Un endroit inspirateur pour y écrire ses mémoires, comme le fit Joffre, entre ces boiseries, ces bronzes, ce lustre et ces tableaux…

L’Escalier d’Honneur

Pour accéder au Salon des Maréchaux, un magnifique escalier monumental a été construit, l’Escalier d’Honneur. Conçu par l’architecte Gabriel en 1769, calqué sur l’Escalier du Trianon, la rampe avait été commandée au ferronnier Fayet. Le problème, c’est qu’il n’y avait eu aucun accord sur le budget alloué pour la construction de la rampe, et Fayet laissa libre cours au luxe, en dorant la rampe, richement décorée. Il fut décidé, devant cette ébauche de luxe qui n’était point la bienvenue en période de crise, de peindre les dorures en gris, ce qui rendait du coup la rampe beaucoup plus modeste. C’est une fantastique hypocrisie, mais qui servi au moins à calmer certaines ardeurs !

On peut voir quatre niches dans l’escalier, vides. Elles abritaient les statues des grands Maréchaux, à savoir Maurice de Saxe bien sûr, mais aussi le Maréchal de Luxembourg, le Maréchal de Turenne et le prince de Condé. Les révolutionnaires, en faisant tomber les statues sur les marches de l’escalier, ont non seulement détruit les œuvres d’Art, mais ont également marqué les marches de l’escalier. La guide qui nous accompagnait pendant ces journées du Patrimoine nous montrait bien que l’on pouvait encore constater les dégâts aujourd’hui sur les marches de l’Escalier d’Honneur.

Les statues actuelles de remplacement, sculptées au XIXème siècle, étaient trop grandes pour les niches. On n’y retrouve plus Maurice de Saxe, trop protestant pour pouvoir figurer ici !

La Bibliothèque

La Bibliothèque, avec une riche collection de livres ayant appartenu à Louis XV et à ses filles, des manuscrits de Vauban ou Colbert. Ce sont en tout 80000 ouvrages, que l’on peut consulter toute l’année, la bibliothèque patrimoniale de l’école militaire étant ouverte au public.

Dans la bibliothèque, on peut observer sur l’une des glaces, deux impacts de balle qui datent des combats pour la libération de Paris, le 25 août 1944.

La Rotonde Gabriel

Initialement prévue pour être la chapelle des élèves de l’école, la Rotonde Gabriel, du nom de l’architecte, sera abandonnée après la Révolution. Ce n’est qu’en 1945 qu’elle sera transformée en mess des officiers. C’est à partir de la Rotonde Gabriel qu’on a accès à des salons de réception, comme la salle « Trianon » ou la salle « Versailles ».

La Chapelle Saint-Louis

Chef d’œuvre du néo-classique du XVIIIème siècle, cette chapelle est très bien cachée de l’extérieur. Située dans l’aile nord du « Château », la Chapelle Saint-Louis sera commencée en 1768, et ne s’achèvera qu’en 1780. Elle devait au départ être en plein milieu de l’Ecole Militaire, et beaucoup plus grande que l’actuelle. Les restrictions budgétaires ne l’ont pas permis. A la Révolution, elle ne fut plus utilisée pour le culte, et aura les affectations les plus diverses. De la cantine en 1793 à la salle de bal en 1806, en passant par le rôle de magasin, la pauvre chapelle aura tout connu. Ce n’est qu’en 1951 qu’elle récupérera sa vocation au culte.

Dans la crypte de la chapelle dédiée au saint patron des armées, Saint Louis, on y trouve le tombeau du fondateur et premier intendant de l’Ecole, Joseph Paris Duverney.

La Cavalerie

La Cavalerie occupe toujours aujourd’hui une place de choix et de première importance dans l’Ecole Militaire. Monter à cheval faisait partie du cursus obligatoire d’un officier ! Aujourd’hui, l’Ecole dispose de bonnes installations pour la pratique du cheval, ainsi que de grandes écuries. C’est, avec la Garde Républicaine, le dernier endroit où l’on trouve des chevaux à Paris : il y en a une centaine. On peut inscrire par ailleurs les enfants de 13 à 21 ans à la Société Hippique Nationale qui y siège, pour qu’ils fassent de l’équitation. Par contre, faudra attendre deux à trois ans pour être inscrit !

L’Ecole Militaire de nos jours

Aujourd’hui, l’Ecole Militaire abrite plusieurs institutions supérieures de l’enseignement militaire. Il y a l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale (IHEDN), le Centre des Hautes Etudes Militaires (CHEM), le Centre des Hautes Etudes de l’Armement (CHEAr), le Collège Interarmées de Défense (CID)… toutes des institutions prestigieuses. Il y a des étudiants étrangers qui viennent du monde entier pour venir étudier ici, assister à des séminaires et échanger avec d’autres étudiants. Ces écoles pour officiers jouissent d’un prestige international, mais ce n’est pas l’idéal pour un militaire de carrière qui n’aime pas le « travail de bureau ». Nous avons, à la fin de notre visite, parlé un peu avec un militaire qui était là en poste.

Selon lui, l’Ecole Militaire est un endroit beaucoup plus détendu que les autres lieux militaires du pays. Et pour cause, dans une école d’officiers à Paris, s’il devait se mettre au garde à vous à chaque supérieur, il finirait par attraper une tendinite ! Les militaires qui viennent ici viennent souvent pour des raisons personnelles : leurs femmes exigent un peu plus de stabilité, ce qu’un poste à Paris permet.

Pour les journées du Patrimoine 2010, Plus de 6000 personnes sont venus voir l’Ecole Militaire. C’est sans doute une visite qui donne aux parisiens d’avoir un contact avec l’armée, même si je trouve qu’elle n’était pas mise en valeur. On nous parlait surtout de l’architecture, de l’histoire du lieu, mais pas tellement du rôle de l’armée, de son organisation, de sa culture. Pas de prosélytisme à la cause militaire, si vous voulez. C’est dommage, je trouve que nous vivons dans une période ou plus que jamais, le grand public a besoin de savoir et de connaître l’armée, avec les nouveaux enjeux de la Défense Nationale… une prochaine fois peut-être ?


2 commentaires pour "Au bout du Champ de Mars, l’Ecole Militaire"

  1. karim dit :

    Toute s’est images son magnifique franchement tros beaux je reste chocer lol mdr ptdr

  2. LEFEBVRE dit :

    Bonjour,
    Je suis en admiration sur la beauté de ces photos et me donne une grande envie à la
    prochaine « Journée du Patrimoine » de venir visiter ce magnifique site. Mon arrière grand’père durant sa période militaire (classe 1852) était Sergent-Major au 3ème régiment des grenadiers de la Garde Impériale, en garnison à Paris, caserne de l’Ecole Militaire du 7ème arrondissement.
    Faisa

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