Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
A Paris, tout le monde connaît le Sacré-Cœur. Cette basilique, un des points de repère majeurs de la Ville Lumière, peut se voir à des kilomètres à la ronde. Dominant la butte Montmartre et tout le nord de Paris, j’ai été très surpris d’apprendre qu’en dehors de Paris, le Sacré-Cœur était moins connu que le quartier de Montmartre ! Pour un américain, voir cette gigantesque basilique dominer le paysage parisien est une pure surprise. C’est l’occasion pour moi de faire une ballade au Sacré-Cœur, et de vous faire profiter de ce lieu de pèlerinage!
Bien sûr que la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre est très connue. C’est l’un des monuments les plus visités de France ! Mais si l’on compare sa notoriété avec celle de la Tour Eiffel, du Louvre, des Champs-Elysées, ou même de Montmartre, le Sacré-Cœur est un peu en dessous. J’avoue que c’est surprenant, mais j’y vois plusieurs raisons : ce n’est qu’une église parmi tant d’autres, elle est de construction récente (construite entre 1875 et 1914) et manque peut-être du support artistique. Il n’y a pas eu de film notable ou de livre notable parlant du Sacré-Cœur, par exemple, au contraire de Notre Dame de Paris qui a eu son Victor Hugo. Mais qu’à cela ne tienne, la basilique est l’un des monuments les plus chéris des parisiens, cette église est remplie de symbolisme pour l’âme parisienne.
Histoire du Sacré-Cœur
La colline où se trouve le Sacré-Cœur a toujours été sacrée. Avant le martyr de Saint Denis à Montmartre, le lieu avait été un lieu de culte gaulois, puis gallo-romain. Montmartre tire d’ailleurs son nom du Martyr de Saint Denis, c’était le Mons Martyrum. C’est d’ici que Denis de Paris, le premier évêque des parisiens, une fois décapité, pris sa tête et marcha quelques kilomètres jusqu’à ce qui est aujourd’hui la Basilique de Saint Denis. Après la Révolution, l’abbaye bénédictine qui s’y trouvait fut détruite, leurs religieuses guillotinées. C’est en 1870 que naîtra l’idée de construire une basilique, un vœu d’Alexandre Legentil et de son beau-frère Hubert Rohault de Fleury, des notables parisiens. Cette année terrible, où tant de catastrophes s’abattirent sur la France, provoqua dans le cœur des parisiens un sentiment de retour à la Foi : il fallait construire un sanctuaire à Paris dédié au Sacré-Cœur de Jésus, pour expier les fautes et pêchés des français, offenses au Sacré-Cœur du Christ. Le Sacré-Cœur est une dévotion au cœur de Jésus en tant que symbole de son amour pour les hommes. En janvier 1871, Legentil lance dans la revue du « Messager du Sacré-Cœur de Jésus » cette idée de construire une basilique. Ce vœu de Legentil deviendra le Vœu National, d’où le surnom de Basilique du Vœu National.
Les frais de construction de la basilique ont intégralement été payés par des souscriptions. Chaque catholique de France pouvait ainsi financer la basilique du Sacré-Cœur selon ses moyens. Une souscription donnait le droit à un morceau de pierre de la basilique, qui se retrouvait gravée du nom de ses souscripteurs. C’est pour ça que lorsqu’on regarde d’un peu plus près les pierres de l’église, on peut y trouver tant de noms de personnes ! En tout, ce sont dix millions de personnes qui ont contribué au financement du Sacré-Cœur de Montmartre. Le choix de l’architecte se fait par concours, avec Paul Abadie en vainqueur, choisi par le Cardinal Joseph Hippolyte Guibert. Paul Abadie n’aura jamais vu le Sacré-Cœur terminé, il est mort en 1884.
Architecture du Sacré-Cœur
La construction d’un tel monument sera longue et parsemée d’embûches. La première pierre fut posée le 16 juin 1875, et la consécration de la basilique ne se fera qu’en 1919, après la première Guerre Mondiale, soit 44 ans plus tard. Les travaux définitifs et finaux, une partie de la décoration intérieure, ne seront achevés qu’en 1923 : nous parlons ici de la plus grande mosaïque de France, le plafond de l’abside, œuvre de Luc-Olivier Merson, qui ne verra pas non plus, comme l’architecte, la conclusion de son travail : il mourut en 1920…
Paul Abadie, pour son projet du Sacré-Cœur, s’est largement inspiré de la Cathédrale Saint-Front, à Périgueux, où il avait été responsable de sa restauration. En forme de croix grecque, ornée de quatre coupoles, l’architecture du Sacré-Cœur doit donc beaucoup à cette Cathédrale ! Paul Abadie, pour son projet, s’est également inspiré de la basilique Saint-Marc, à Venise, mais aussi de l’architecture romane et byzantine, donnant aujourd’hui ce style éclectique à la basilique.
La basilique, malgré toutes ces influences, conserve une harmonie de formes et de lignes, tout semble logique dans sa construction. Peut-être que la pierre blanche, venue des carrières de Château-Landon et choisie pour ses propriétés autonettoyantes n’y est pas étrangère : le Sacré-Cœur donne cette impression de blancheur, de pureté qui font remarquer l’église de très loin. Oui, c’est vrai, la pollution n’aide pas à conserver un mur parfaitement blanc, mais il faut avouer que là où la pluie tombe et entre en contact avec la pierre, c’est propre ! J’adore ce choix de pierre, qui fait faire de grosses économies à la Ville de Paris en nettoyage, et permet d’avoir un des rares monuments parisiens toujours prêt à se faire photographier par les touristes dans son état quasi originel.
Les touristes peuvent, à l’intérieur de la basilique, outre la belle mosaïque, admirer également le dôme, de l’architecte Lucien Magne, situé à 83m de hauteur, et les nombreuses statues et autres détails de la décoration. On attirera l’attention sur l’orgue, œuvre du facteur d’orgue Aristide Cavaillé-Coll, construit à l’origine pour le château d’Illbarritz, une des demeures du Baron de l’Espée, un personnage qui vaut à lui seul un article, ou même un livre !
La cloche du Sacré-Cœur : la Savoyarde
Dehors, le clocher de 84m est imposant, en plus d’être beau : malgré sa très grande taille, il conserve une élégance et une finesse qui ne le transforme pas en un édifice massif ou lourd dans le sens visuel du terme. Mais ce qui vaut vraiment le détour, c’est d’entendre la cloche sonner. Quand elle sonne, vous entendez en fait la Savoyarde, le surnom donné à la cloche la plus grande de France ! Coulée en 1891 à Annecy par la fonderie Paccard, c’est un gigantesque bourdon de presque 19 tonnes, cadeau de la Savoie. Les savoyards ont préféré offrir la cloche à la basilique avec leur argent de la souscription. Elle sera baptisée le 20 novembre 1895, sous le nom de Françoise-Marguerite du Sacré-Cœur, mais c’est sous le nom de « la Savoyarde » que tout le monde la connaît. Sa livraison, le 16 octobre 1895, sera un événement parisien : beaucoup de difficultés pour l’apporter (tirée par 28 chevaux, dit-on), et encore plus pour la monter ! L’illustration issue de la revue « La Nature » d’octobre 1895 montre bien à quel point ça devait être impressionnant, ce convoi à l’époque ! Elle ne sera définitivement en place dans le campanile que le 13 mars 1907.
Venir au Sacré-Cœur, c’est aussi profiter de l’un des plus beaux points de vue de la ville. Située sur la plus haute colline de Paris, on peut voir de la basilique à des kilomètres à la ronde. De très nombreux touristes viennent ici apprécier une des plus belles vues de la Capitale, où les musiciens amateurs et autres marchands ambulants en profitent pour montrer leurs talents ou extorquer de l’argent aux pauvres touristes sans défense…
C’est peut-être le seul reproche que je pourrais faire au Sacré-Cœur : d’être en plein milieu du carnaval touristique qu’est devenu Montmartre. Des touristes à la recherche de romantisme, de découvertes, et qui ne sont certainement pas déçus : Montmartre, c’est beau, il y a une vue superbe, et la basilique rayonne. Se promener à cet endroit avec sa chérie ou son chéri, main dans la main, en regardant les jongleurs, les dessinateurs de la place du Tertre et autres musiciens divertir les passants, c’est une expérience à vivre au moins une fois. Pour ceux qui veulent un peu plus de calme, l’intérieur du Sacré-Cœur, sombre et silencieux, est un véritable moment de quiétude au milieu de toute l’agitation qui règne dehors.
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